Virginie Houdet

Je suis née dans la peinture et j’ai longtemps cru que le monde était aussi beau.

Quand j’étais toute petite, dans le salon où était mon berceau, une très grande peinture de Jean Bouchaud, mon grand-père, recouvrait tout un mur. Cette peinture « les présents au nouveau-né »(qui est au Musée Marmottan maintenant )représentait un bébé de ma taille qui était dans son couffin à la Villa Abd-el-Tif en Algérie où Jean Bouchaud était pensionnaire. On parlait ensemble, le bébé et moi ...

Enfant, je prenais plutôt des photos, je ne peignais pas. La barre était placée trop haut, Grand-père était un «orientaliste». Jean Bouchaud, peintre voyageur, a été membre de l’Institut de France à l’Académie des Beaux arts. Un été, je suis allée sur ses traces au Laos et là, j’ai eu l’impression d’être dans ses peintures ! Les mêmes couleurs, les mëmes scènes de vie... j’ai fondu en larmes.

Pendant très longtemps, j’ai tourné autour de l’image... photo, dessin animé, gravure, films d’animation, voyage, cartographie, montage...
Dans les années 90, ayant obtenu une bourse d’études en cartographie, je suis partie aux Etats-unis et j’ai pris mon premier cours de dessin !

De retour à Paris, Marylène une amie, me fait intégrer les cours de Véronique Masurel aux ateliers des beaux arts de la ville de Paris. Là, très vite, je suis initiée à la couleur. Véronique me donne les clés en parlant des contrastes colorés et m’oriente en disant «Peins tes impressions de voyage». Tout était dans la tête, il suffisait de laisser aller...
C’est donc avec la gouache que j’ai appris les couleurs, essayé des mélanges inconnus comme le jaune citron avec le noir qui donne un beau vert lumineux, découvert toute la subtilité des gris, apprécié la matité et le velouté de la gouache.
La deuxième découverte, arrivée plus tard, a été de jouer avec de larges pinceaux et l’encre achetés en Chine. Les encres par leur fluidité colorée m’ont permis un geste plus ample, plus libre. Il y avait même de l’encre dorée, argent et puis bien sur l’encre de chine qui permet des noirs bien noirs, éclatants.

Depuis, je réalise des grands formats à la gouache en y mettant parfois de l’encre. Et séduite par la fluidité de l’eau, lorsque je suis en voyage, je fais des petits formats à l’aquarelle.

Malevitch, Sonia Delaunay, Klee font partie de mes favoris pour ce qui est de peinture abstraite. Le Louvre me nourrit, m’inspire, stimule ma créativité en copiant les Grands Maîtres. J’y mêle imagination et interprétation personnelle. Parfois mon oeuvre est totalement imaginaire, portée par la couleur, à la limite de l’abstraction et révèle un penchant pour la décoration.

En résidence, je m’adapte au lieu. C’est à chaque fois une nouvelle source d’inspiration.